PARENTHESE...

Publié le par caron

 

            J’ai récemment été chargé de la formation d’une centaine de cadres et de      fonctionnaires de la Mairie d’une ville de 50 000 habitants dont la Municipalité s’inquiète de la baisse de ses ressources et qui, pour y faire face, a conscience de devoir « resserrer les boulons » et sait ne pouvoir y parvenir qu’avec la participation de ses collaborateurs. Deux jours de préparation et dix demi-journées y ont été consacrés. Voici les conclusions que j’en ai tirées avec la conviction que cet exemple devrait inspirer d’autres municipalités…..   

 

Le point de départ de cette expérience de formation dite en intra.

 

Les réformes et les «changements» qui ont touché ces deux ou trois dernières années les collectivités locales ont affecté partout, mais plus ou moins, leurs marges de manoeuvre.

Notamment la réforme de la taxe professionnelle et le développement de la péréquation – qui provoque le partage des ressources entre les communes et les intercommunalités telles les communautés de villes ou de communes-- ainsi que la loi du 16 décembre 2010 dite de réforme territoriale que le nouveau gouvernement remettra partiellement en question.

Cela d'autant que dans le même temps les dotations et les concours financiers de l'État ont été gelés… et pas uniquement pour l'année 2012 !

Il faut donc réagir et agir, et cela a conduit cette Municipalité à me confier la conception et l'animation d'une formation originale : celle d'une centaine de cadres et de ses collaborateurs. Sous la forme d'une dizaine de séances qui se sont déroulées en mairie et donc sans aucun déplacement et aux dates les mieux choisies afin de provoquer le moins de gêne dans le fonctionnement des différents services municipaux.

 Mais aussi et surtout, et c’est ce qui en a fait l’originalité, de le faire par rapport à un programme que j’ai conçu pour l'occasion, avec le Directeur général des services et ses adjoints, afin  de l’adapter à des réalités ainsi qu'à des perspectives propres à la Commune.

Finalement cette formation avait la particularité de correspondre à une action d'information, de sensibilisation et de formation, et l’objectif de provoquer des réactions et des questions ainsi que la participation de toutes et de tous.

 

Trois volets principaux en composaient le programme :

    -  le survol de la loi du 16 décembre 2010 dite de réforme territoriale ainsi que la réforme de la taxe professionnelle et, surtout, les nouvelles solidarités financières qui, en l’occurrence, se traduisent par des prélèvements au détriment de la collectivité qui m’avait sollicité.

    - l'optimisation du budget communal et les différentes étapes allant de sa préparation à son exécution impliquant quasiment tous les services. Avec la présentation de méthodes, de pratiques et d’« outils » en rapport avec la dégradation de la situation telle qu’elle est ressentie partout.

     - un projecteur sur la communauté d'agglomération à laquelle cette ville vient d’adhérer et ce qui conduira à transférer par étapes de la Mairie vers l'intercommunalité des compétences exercées au profit de ses administrés.  Avec l'objectif qu’il y a lieu de se fixer, celui de mutualiser les moyens d’action et de donner plus d'efficacité encore à leur mise en œuvre sur un territoire bien délimité. En tournant le dos à la facilité qui trop souvent a provoqué des « doublons » et des dépenses nouvelles dans de nombreux cas bien connus !

 

 

Par différence avec des formations par trop classiques et stéréotypées, j’ai beaucoup insisté sur des données pratiques et sur la place et le rôle de chacun considéré comme un acteur et un facteur de progrès et de réussite. Quelque soit son grade ou sa fonction.

L'objectif était aussi de mettre en évidence les notions de décloisonnement et de travail en commun et en équipe. En insistant sur le nécessaire respect des procédures, certes, mais également sur l’essentiel résumé en quelques mots : la participation individuelle de chacun doit conduire à la réussite collective d'un challenge qui lui donne la possibilité de pouvoir jouer un rôle à sa mesure. En contribuant parallèlement à sa réussite professionnelle et personnelle.

Ce qui suppose d’être parfaitement informé du contexte nécessitant de devoir faire et se conduire autrement (dans de telles situations expliquer le « pourquoi » est aussi important que de décrire le « comment »).

 

La formation est dans la Fonction Publique Territoriale davantage que dans celle de l’Etat, un droit. Faisons-en un moyen de promotion et d'épanouissement personnel. D’autant que la collectivité employeur en tire alors profit.

Nos organisations municipales sont menacées d'usure et de routine. Il ne faut pas qu’elles demeurent à l'écart des changements nécessaires et souvent salutaires que la situation d’aujourd’hui et les perspectives que l’on entrevoit, nous imposent et qui ne pourront être obtenus et réussis qu'ensemble.

Encore faut-il dire et expliquer pourquoi et permettre à chacun de participer à la recherche de tout ce qui pourra optimiser sa participation à l'efficacité et à l’adaptation des services à de nouvelles réalités.

 

Pour conclure je ne cite que l'une des pistes que j’ai tracées durant cette formation, à savoir une nouvelle approche du budget communal : la méthode du budget base zéro qui n’est pas une technique mais un état d’esprit et une ouverture d’esprit tournant le dos à la routine qui trop souvent pèse sur nos organisations municipales.

Naturellement tout part et tout doit partir de la directive du Maire qui trace des objectifs, désigne des obstacles à franchir, les contraintes à observer, les résultats obtenir...

Mais vient en suite le temps des propositions des services puis celui des étapes de son exécution qui impliquent celles et ceux qui participent à son application.

La méthode dite du budget base zéro, le B.B.Z. consiste à affirmer qu'il y a toujours plusieurs moyens de rendre à la population les mêmes services. Et d'y parvenir d'une façon qui peut être différente, plus économique sans pour autant perdre de son humanité et de son efficacité.

Souvent ce sont celles et ceux qui sont « sur le terrain et dans la quotidienneté » des services rendus qui sont les mieux placés pour proposer, pour suggérer, pour sortir des sentiers battus à la condition pour eux d’admettre que ce n’est pas parce que l’on a toujours fait comme ça qu’on ne doit pas innover !

 

J'ai connu le temps des cercles de qualité qui donnaient à chacun la parole et je suis convaincu que nous devrions aujourd'hui leur redonner vie. Il faut provoquer, dans le cadre d’une organisation ayant à sa tête une hiérarchie nécessaire, la discussion, la participation et l'émergence des idées de celles et de ceux qui sont aussi des acteurs à part entière. Etant entendu qu’in fine la décision relève ici des élus et seulement des élus puisque ce sont eux que les électeurs ont choisis et que ce sont eux qui en assument la responsabilité.

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C’était, je crois, une expérience et une première et j’ose espérer qu'elle profitera à tous. Les résultats ne seront dans un premier temps ni spectaculaires ni immédiats mais je pense bien volontiers que cette expérience produira à terme des résultats positifs. Tant pour la ville que pour chacun et chacune de ceux qui y ont pris part. C’était l’objectif et c’était mon challenge.

Je m’exprime-là en tant qu'ancien directeur régional du Centre National de la Fonction Publique Territoriale qui est l’établissement public de formation des personnels des communes, des départements, des régions et des intercommunalités.      

                                                 Jean-Claude Caron, Administrateur territorial.

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